Le monde du dedans se révèle par réaction aux provocations du monde du dehors." J. Lecoq.

 

S'il ne fallait conserver qu'une "loi" de plateau, ce serait sans doute celle-là qui invite lorsqu'elle est "appliquée" à explorer tous les autres aspects du travail théâtral.

 

A quoi remarque-t-on qu'un personnage est un roi ? Sans doute que son costume le dit, que la couronne sur la tête le confirme et que les quelques mots qu'il prononce achèvent de convaincre...

Sans doute !

Mais si, lorsqu'il entre dans la salle du trône, les autres personnages ne le remarquent pas, alors c'est qu'il n'est pas vraiment roi.

Si les autres ne le remarquent pas : de deux choses l'une ! Ou c'est un choix de mise en scène car le roi, par exemple, va être "déposé" (Richard II ? Shakespeare !)   Ou les comédiens sont "mauvais" d'avoir oublié qu'au-delà des costumes et de la couronne, c'est leur réaction à l'entrée du roi qui confirme que le roi est un roi.

Ils ont aussi, ils ont surtout à remarquer le roi.

Comment ?

On cherche :

-forcément des regards dans la direction du roi..

-sans doute un corps qui bouge comme si le roi qui entre "aimantait"

-peut-être des "courtisans" qui bougent suffisamment pour créer une sorte de couloir, une haie d'honneur...

-peut-être reculer, créer un vide "éblouissant" autour du roi...

-peut-être encore une posture

-des bouches qui, si elles parlaient, se taisent soudain...

-etc etc...

On invente, on imagine, on trouve.

 

Réagir, répercuter  :

-signifie être vraiment attentif à ce qui se passe...à ce qui se dit, aux situations créées, installées

-signifie être, en tant que personnage changé, modifié "métamorphosé" par ce qui a été dit, parce qui a été fait....

-signifie : ne pas être indifférent...

 

Et si on écoute le texte, si on écoute ce qui est dit, on trouve mille raisons de "réagir. Trop souvent une scène jouée se résume à un échange de répliques, envoyées comme au tennis ou au ping-pong. Acceptons que chaque réplique" soit entendue, perçue par un personnage comme une "action" et que sa propre réplique à la réplique soit une "réaction".

 

Et l'on découvre, que sur un plateau, quand chacun joue, sans cesse, à chaque instant, il se "passe"  dans le jeu, dans le dire, des micro-événements qui peuvent, qui doivent susciter une réaction et par conséquent nourrir le jeu...

 

"Je ne sais pas quoi faire !" entend-t-on parfois; il suffit souvent d'être juste attentif, de prendre avidement ce que l'autre donne et de se laisser porter.

 

Inventons donc des exercices qui stimulent la réactivité... Et cherchons comment varier les modes de réaction...