Journée Peau d'Âne à la Rose des Vents

 

Stage Le théâtre à l'école. Journée Peau d'Âne...

Présentation de la journée

 

*Arrivée à la Rose des Vents...

*présentation de la journée

*travail plateau de 9 heures trente jusque 13 heures.

*Repas

*Spectacle à 14 heures trente...

*Rencontre avec l'équipe...

*Débriefing...

*Annonce du prochain stage  de la prochaine journée ; distribution de textes ; formation de « groupes » de travail.?

 

 

Cohérence des 3 jours : installer le théâtre dans le cours de français et au-delà dans la classe et l'école. (les sorties, le travail en équipe, le projet...)

 

Aujourd'hui, un cas particulier : le théâtre que l'on va voir. La sortie théâtre ou l'école du spectateur. Moment festif, précieux de rencontre avec le spectacle vivant.

 

On se place ici dans la phase de préparation au spectacle...

 

le travail classique serait de proposer aux élèves de "faire des recherches" ; de les faire travailler sur le texte de Perrault, de regarder un extrait du film de Jacques Demy, de travailler sur des affiches de spectacle.. ; toutes activités légitimes qui ont pour visée :

 

-de fournir des informations d'ordre historique, littéraire, théâtral etc... qui aideront à apprécier le spectacle

 

-plus subtilement, de créer un horizon d'attente, un espoir, un désir de voir et d'écouter..

 

C'est sur cet aspect de la préparation que nous insisterons aujourd'hui ou ce matin... en proposant ce que vous pourriez faire également avec vos élèves... c'est à dire jouer des extraits de l’œuvre qui sera vue plus tard, chercher, tâtonner.. et inévitablement faire des choix scéniques qui seront autant de réponses-plateau à des problèmes de représentation .

 

On peut certes créer un horizon d'attente par des images (reproductions, photogrammes etc...) mais ces images sont en un sens déjà trop belles, trop parfaites, trop aveuglantes aussi. On propose donc de partir du plateau, de la « pauvreté » du plateau.

 

Dans le Banquet, Platon donne la généalogie d'Eros ; il le dit fils de Poros et de Pénia. Si Pénia est le manque et la pauvreté, Poros est le chemin, la voie, le passage, l'expédient, la ressource.

 

On ne peut pas trouver plus belle définition du théâtre...

 

On ira donc voir le spectacle -dans sa perfection relative- en ayant dans le tête et le corps, les essais, les mouvements, la mobilité, les choix d'une demi-journée de travail.

Tout à l'heure quand nous verrons le spectacle de Jean-Michel Rabeux et de ses comédiens, nous serons confrontés au même (nous avons « travaillé » des scènes qu'ils vont jouer) et en même temps à l'autre (nos choix ne seront pas les mêmes..). Le même nous permettant, c'est le pari, de mieux apprécier l'autre ; le connu d'apprécier le nouveau...

Exercices de la matinée...

 

Échauffement

 

-il est nécessaire, quand on travaille avec des élèves et des adultes, comme sas, comme plage de transition... sorte de propédeutique.. on se défait progressivement des soucis, des attitudes de la journées, des postures « sociales »... Autant qu'il soit toujours un peu ludique, une peu « peps »

 

-il est nécessaire encore comme préparation du corps, assouplissement,

 

-enfin, il est nécessaire comme l'occasion de découverte de « lois » du plateau...

 

 

Exercices (une partie de ces exercices...

 

 -On se met en cercle (on se voit..) et j'invite à chacun à dire son prénom. Je demande qu'on mémorise tous les prénoms.... du mieux possible. Le tour est achevé. Tous les noms ne sont pas «suffisamment » projetés vers les autres. On n'a pas toujours pris le temps de « donner » (comme un cadeau qu'on soigne, qu'on enrubanne, qu'on fleurit) : donc un beau regard, un peu circulaire pour n'oublier et ne négliger personne, et son prénom « offert ». On opère un premier tour de mémorisation ; puis un second, puis un troisième... Plusieurs Marie, des Caroline.. mais on commence à se connaître.

 

-Autre exercice de concentration et de résistance aux automatismes : on se met en cercle. Celui/celle qui prend l'initiative de commencer, sans mot dire, regarde nettement un partenaire du cercle; ce regard est un signal; celui/celle qui a reçu le regard appelle par son prénom celui/celle qui l'a regardé(e); celui/celle qui a été appelé/e se dirige, en traversant le cercle, vers celui/celle qui l'appelé/e. Pour lui donner une place, celui/celle qui avait appelé doit s'en aller; mais ne peut le faire que si on l'appelle; par conséquent doit lancer un regard à quelqu'un afin de se faire appeler et de quitter sa place.. et ainsi de suite. Inutile de grimacer pour indiquer qu'on regarde; un « vrai » regard est un « jet » ; on le sent comme tel... Petits trucs : pour que quelqu'un sente qu'on l'accroche du regard, ne pas chercher des yeux, mais tourner la tête nettement dans une autre direction, selon un autre axe que le précédent. Arrêter cette rotation de façon nette précise... Si quelqu'un vient d'appeler, chacun/tout le monde sait (se rappelle) qu'il doit ou qu'elle doit céder sa place et qu'il ou elle va chercher un regard... on le sait ; on est attentif ; on prêt donc son regard et on est prêt à accueillir

 

 

-On reste en cercle : (exercice de concentration et de rythme) : on tente de compter de 1 à 10 sans jamais monter jusque 11 ni descendre à 0. On tente que chacun dise un des chiffres dans un rythme proposé par le meneur (qui par exemple, claque des doigts ; on peut varier les rythmes... on peut demander que les corps eux-mêmes des compteurs, se mettent en « danse ». Puis, on doit éviter de dire 3 et on doit le remplacer par un nom de ville... et le comptage reprend.. Puis on remplace 7 par un nom de fruit... etc etc... Et, si on est concentré, on continue...

 

 

-on marche sur le plateau, marche neutre... : le corps droit, la tête ni baissée vers le sol, ni tournée vers le plafond, mais dirigée, par le regard, droit devant soi, on marche dans l'espace ni trop vite ni trop lentement; on ne doit, en principe déceler aucune émotion particulière ou aucune intention dans la personne qui a adopté cette démarche.. Bien entendu, on doit essayer, lorsqu'on croise un partenaire de stage, de ne pas sourire ni trahir sa neutralité.

 

-on est dans la forêt des contes... on se croise... on s'arrête. On ne s'arrêteque parce qu'on a été « attrapé » par un regard, un vrai... L'un des deux (qui initie le jeu) dévisage l'autre, l'examine. Cet examen se fait avec prudence, avec respect de l'autre ; on n'est jamais brutal ni irruptif... on apprivoise ; on doit sentir que l'autre « accepte » l'examen ; le fait qu'il accepte doit se voir également à notre attitude corporelle, à notre visage selon la loi immémoriale et « accordéonesque » du soufflet vital : la nouvelle est bonne, le contact avec les autres et le monde est satisfaisant, le corps se déplie, se déploie, prend plus de place... et reconnaît progressivement... un personnage de conte qui était déguisé ou métamorphosé.. je te reconnais toi, tu es Poucet ou vous, vous êtes, madame Clochette la fée.. tu es ou vous êtes (acte de baptême théâtral).... l'autre accepte -ON ACCEPTE TOUJOURS- et enchaîne une ou deux répliques... Il est possible que la réplique qui vient donne une identité à celui qui a reconnu (« Oui, c'est moi, Poucet... Tu m'as reconnu, Barbe-Bleue.... alors, toujours pas marié...)

 

-on marche dans la forêt des contes : la forêt de la peur.... on se fait le plus petit possible, on se fait le plus immobile possible... on se pétrifie... on se fait arbre... On écoute les consignes.. et au fur à mesure on se métamorphose. Le fait de faire le machin tous ensemble, en même temps, soulage de la crainte du ridicule ou du qu'en-dira-t-on. On n'en dira rien sauf pour attirer l'attention sur une idée, une posture particulière, belle, surprenante... (on ne l'a pas fait...)

 

 

-on marche dans la forêt des contes.. . A tour de rôle, l'un des participants lance : je suis le magicien X ou la fée Y et ajoute : « Comme vous avez désobéi (ou ) comme vous avez été sages ou courageux, je vous transforme en... je vous donne... etc etc.. Le reste du groupe a alors l'obligation de se transformer ou de se métamorphoser selon le désir ou le pouvoir du magicien ou de la fée...

 

 

 

 

autres exercices montrés mais non travaillés :

 

-le « p'tit bout de ficelle » (comme aurait dit Maupassant) : on donne un bout de ficelle de 25 à 30 centimètres à deux partenaires de travail ; l'un des deux est meneur ; l'autre « sent » ce que le meneur veut lui faire faire. L'idée, c'est de maintenir tendue, cette ficelle. Tendue veut dire qu'on est « ensemble » ; si la ficelle se détend et forme une sorte ventre mou.... On marche dans la salle ; on essaie, dans la respiration, le rythme d'être avec l'autre... Au bout d'un moment, on change et le meneur est, à son tour, mené..

 

On pratique des exercices avec des balles de tennis. Il s'agit, pour comprendre l'importance d'être « avec » l'autre quand on joue, d'être sensible à sa présence, à son énergie, à sa respiration, de laisser tomber au sol, en même temps que le partenaire, sa balle de tennis pour faire en sorte que les deux balles, atteignant le sol au même moment, ne fassent entendre qu'un seul son. Il s'agit d'être en sympathie, en écoute, en recherche de ce que fait l'autre, pour obtenir musicalement une « symphonie »

On propose toutes sortes de variations sur l'accord des balles.

 

Des activités de plateau autour du conte...

 

a) donner une image chorale du conte...

 

 On se met à sept ou neuf. On choisit un conte en commun. Chacun va proposer aux autres une posture-geste du conte... Puis, ensemble, progressivement, on va donner une image-tableau du conte : à la fois spatiale et chronologique/temporelle... (on ne l'a pas fait)

 

 

b) L'apparition ou le coup de théâtre.

 

Faire une robe couleur du Temps, couleur de Lune et couleur de Soleil. Et jouer son apparition... (on ne l' a pas fait mais on a évoqué, au cours d'improvisation, la notion de « coup de théâtre ». Il y en a de « gros » (« Ciel, mon mari » ! ) et de « petits » (par exemple : ôter le manteau qui recouvre Blanche-neige et voir son visage...). C'est un moment fort ; il faut le mettre en valeur, en évidence, le « grossir » pour les spectateurs... Effet-zoom sur ce moment... Rappel du théâtre chinois : un coup de gong va immobiliser comme pour une photographie, tous les comédiens dans la posture à valoriser. La narration dramatique devient, ; un instant, tableau.)

 

Les contaminations... ou le méli-mélo de contes...

 

La contamination désignera le fait d'inclure de manière plus ou moins visible ou audible des éléments étrangers à l’œuvre dans la mis en scène.

 

Dans Peau d'Âne de Jean-Michel Rabeux, le conte de Perrault est contaminé par une scène du Dom Juan de Luis Tenorio ou de Molière. Ce faisant, outre le rire produit, il place la figure royale sous le signe de la transgression, de le rébellion...

 

dans sa version, Jean-Michel Rabeux fait dire au roi, le père qui croit que sa fille a disparu alors qu'elle est sous ses yeux cachée par la peau de l'âne : je la trouverai et je la mangerai

 

dans sa version, Jean-Michel Rabeux fait jouer une scène à Peau d'Âne qui la rapproche de Cendrillon... la domestique, autre souillon notoire des Contes de Perrault...

 

ces contaminations outre les effets comiques disruptifs qu'ils provoquent ajoutent des valences aux personnages, aux situations, déplacent des blocs de sens...

 

On propose une rapide improvisation : à deux, trois ou quatre, jouer une situation d'un conte (aisément reconnaissable) et y insérer une « contamination » et  par le jeu mesurer l'effet produit

 

 

Enfin : la scène du conte elle-même.

 

On se donne un temps pour mettre en place... une scène, un début, une entrée en favorisant et privilégiant.... non le texte des répliques mais le jeu, l'invention, la fantaisie..