Séance du 5 avril : autour des Métamorphoses

Le temps que je finisse de lire Don Quichotte et, promis, ce sera mis en ligne...

 

En tous les cas, l'idée des exercices du matin était la suivante : avant d'approcher des Métamorphoses poétiques d'Ovide, avant d'en faire l'objet d'une adaptation théâtrale, rappelons-nous que le théâtre est d'emblée ce qui va susciter, en chacun de ceux qui vont le pratiquer, la mobilisation vers la métamorphose.

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Se "métamorphoser" commence parfois,simplement, en changeant de vêtements pour entrer sur scène ou monter sur le plateau. On quitte ce que les usages et le quotidien nous font porter; on enfile un vêtement  "autre" qui ne nous retiendra pas de courir, de nous asseoir sur le plateau, de nous rouler à terre (s'il le faut) et qui laissera aux mouvements de notre corps plus de liberté.

 

Parfois,il suffit d'ôter des chaussures (de toutes façons, elles font du bruit...).

 

Ce sont de petits gestes; de petites précautions et l'expression d'une profonde humilité au moment d'aller là-bas, sur la scène.

 

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On marche sur le plateau; on évite de "tourner en rond"; on cherche à faire disparaître tous les pettis gestes involontaires, les attitudes, les tics du visage..; tout ce qui nous sert dans la vie à avoir une contenance. On commence par "effacer" ce qui nous est habituel et on essaie d'entrer dans le calme etla disponibilité d'un corps détendu, neutre.

Pas de mains dans les poches; pas de mains croisées derrière les fesses, devant la poitrine, devant le ventre; pas de regard au ciel ni de regard au sol; pas de sourire lorsque le regard croise un partenaire de travail connu (ou pas); pas de paroles...

Cette marche neutre doit amener à une disponibilité propice au travail.

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Premier travail.

On va rencontrer un partenaire. On le rencontre parce que deux regards se sont "accrochés".

Et successivement, de manière à cerner, une à une les métamorphoses :

-on croise quelqu'un qu'on a vu il y a quelques minutes...

-on croise, en fin de journée, quelqu'un qu'on avait vu en début de journée...

-on croise quelqu'un qu'on n'a pas vu depuis deux ou trois jours (la parenthèse d'un week-end)

-on croise quelqu'un qu'on n'avait pas vu depuis un bon mois.

-on croise quelqu'un qu'on avait perdu de vue, qu'on revoit au bout d'un an.

-on croise quelqu'un qu'on a pas vu depus dix bonnes années...

 

Comment la mise en scène de la rencontre s'est-elle progressivement métamorphosée ?

Quels choix dans le jeu, dans l'espace, ont été faits pour dire à la fois la rencontre, les retrouvailles mais aussi la séparation ?

 

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On reprend l'exercie.

On se croise; on se dépasse et durant les quelques pas que l'on fait en s'éloignant, on cherche dans sa mémoire : "Tiens, mais je le/la connais... mais oui..."

On s'arrête. On se retourne vers l'autre et on se risque : Oui ? Non ? Est-ce lui/elle ? Me suis-je trompé ? Avais-je bien vu ?

 

Les métamorphoses sont aussi "minuscules" mais elles doivent être suffisantes pour que le spectateur perçoive que quelque chose, dans un personnage, a changé.

 

marcher MAIS ralentir, s'arrêter...

s'arrêter MAIS faire demi-tour...

 

Et puis, comment s'approcher ? A quelle distance de l'autre s'arrêter pour ne pas apparaître comme importun ou agressif mais en même temps pour être en mesure de se faire reconnaître ?

 

Par quel geste, d'abord, faire comprendre à l'autre une intention ?

 

Etc...

Et tout cela, il faut que le spectateur le voit