Séance du 11 avril après-midi : avec Colette Garrigan

1

Colette Garrigan arrive, demande que les stagiaires se réunissent en cercle. Le cercle de chaises se forme.

Remarque :

     le rapport frontal fait immédiatement penser à l'affrontement ou à la confrontation. Ajoutez-y une estrade et le tableau est complet.

     le cercle offre à chacun un accueil, disons, plus démocratique. Si quelqu'un parle, il lui est si simple et si facile de tourner la tête à doite ou à gauche et de passer la parole.

2

Colette Garrigan évoque son parcours... De Liverpool à Villeneuve d'Ascq en passant par Charleville ou l'île de la Réunion... et bien d'autres lieux.

3

Colette Garrigan invite chacun à se lever pour un moment d'échauffement. Il s'agit avant tout, dit-elle, de stimuler la colonne vertébrale en profondeur.

Avons-nous remarqué que, pour travailler, Colette Garrigan s'était "changée"; elle a mis une tenue de travail et  aux pieds elle porte une paire confortable de chaussons ?

On peut imaginer qu'elle l'a fait pour mettre son corps à l'aise en vue des activités et des exercices qu'elle va proposer et faire avec nous; on peut aussi penser que c'est une façon discrète d'honorer et de respecter le lieu où l'on "fait" du théâtre.

On ne le redira jamais assez, ni assez fort ni assez souvent : se changer (même un peu) est un commencement théâtral.

 

*position de stabilité; pieds écartés au sol à la largeur du bassin; genoux légèrement fléchis... "débloqués" pour permettre des rotations du bassin.

 

*on tend le bras droit devant soi, à hauteur d'épaule,  pouce levé; on imprime une rotation vers la droite, en accompagnant le mouvement du bras d'une rotation du cou et de la tête; les yeux suivent le pouce. Le mouvement est fait lentement. On revient au point de départ.

 

*bien en équilibre, on leve une jambe pour que la hanche horizontale fasse un angle droit (à peu près) avec la jambe.On procède alors à des rotations de la cheville : 8 vers la gauche et 8 vers la droite; puis 7 de chaque côté; puis six... on arrive ainsi à 2

 

*bien en équilibre toujours : on procède de la même façon avec l'articulation du genou, la jambe articulée restant souple...

 

*bien en équilibre, on procède de la même façon  avec l'articulation de la hanche, en faisant un quart de tour avec elle.

 

*bien en équilibre, on inspire en levant le bras qui se joignent, mains collées, vers le plafond; on expire en ouvrant les bras, en descendant jusqu'à l'horizontale; on redresse les mains et on fait comme si on poussait les deux parois d'un mur.

 

*bien en équilibre, menton collé contre le buste, on "plie" lentement la colonne vertébrale, vertèbre après vertèbre en pliant les genoux, on descend pour toucher le sol avec le plat des mains, les fessiers  vers le plafond. On garde la position (selon l'âge et de la souplesse) un moment. On se redresse lentement, en faisant descendre d'abord le fessier et en dépliant la colonne, vertèbre après vertèbre

4

Colette Garrigan, l'échauffement fini, apporte un drap blanc. Chacun en fera l'expérience tactile : tissu à la fois lourd et souple, un peu brillant; un tissu qui se "prête".

L'idée est la suivante : détourner le drap et en faire un autre objet et "jouer" cet objet.

Colette Garrigan commence, cherche un peu, déploie le drap et "invente" une mer agitée, déchaînée aux vagues.

Elle tend le drap à celle des stagiaires qui est à sa droite en proposant qu'au fur et à mesure chacun à son tour "détourne" l'objet..

Une fois le cercle des détournements clos une première fois, le drap revient à Colette Garrigan qui propose un autre "détournement"  et lance une seconde ronde...

En raison du temps imparti, Colette Garrigan "annule" un troisième tour qui, selon elle, aurait été nécessaire.

Qu'avons-nous vu ?

Beaucoup de "choses", beaucoup de métamorphoses... certaines poétiques, certaines amusantes... certaines "proches" encore de l'élément "tissu" ou "drap"; d'autres très éloignées...

 

Rappel à travers les mots de Colette Garrigan qui encourageait ou commentait.

-ne pas hésiter à prendre son temps pour éprouver la matière, son poids, son grain, pour laisser venir l'idée comme si elle venait en partie aussi du drap

-ne pas hésiter à palper, remuer, en un mot à "essayer" l'objet; les formes imprévues qu'il prend sont des cadeaux du hasard...

-Prendre aussi le temps de montrer et de faire vivre le résultat de la métamorphose.

-chacun a perçu la différence entre l'objet métamorphosé "nu" et l'objet métamorphosé accompagné de bruits, de l'objet sonorisé, mis (un peu) en scène.

 

Le drap,quant  à lui, a pris mille et une vies :

5

Nouvel exercice.

Colette Garrigan va chercher une valise, qu'elle ouvre et dont elle extrait plusieurs dizaines d'objets usés, usagés, incongrus. Elles étale au milieu du cercle formé par les stagiaires.

Elle propose à chacune d'entre elles d'aller ramasser un objet. Selon quel "urgence intérieure", selon quel désir ou envie profondes, selon quellle aimantation se fait le choix et la "cueillette",  personne ne peut le dire. Chacune retourne à sa place.

Surprise : Colette Garrigan invite chaque "propriétaire" à aller "donner" son objet, l'objet élu à quelqu'un d'autre...

Cela s'appelle : jouer un tour... d'objet ou empêcher l'anticipation.

Colette Garrigan demande alors à chacune des stagiaires de "détourner" successivement l'objet qu'elles ont reçu  pour inventer cinq "nouveaux" objets.

 

 

6

Colette Garrigan demande à chacun d'inventer une histoire (un début et une fin) au cours de laquelle, les 5 objets résultats des détournements successifs apparaîtront.

L'objet ne vient pas après coup "illustrer" une histoire. C'est lui qui "sollictie" l'imagination, qui fait inventer.

Colette Garrigan donne cinq minutes pour se préparer.

Durant ce temps de préparation, elle installe une table et une chaise. La chaise est pour le narrateur/manipulateur et la table devient la scène, le mini-plateau où joueront les objets.

 

En quelques minutes, on  voit se dérouler une bonne vingtaine d'histoires; mais surrtout, on  voit, au fil des passages, que le rapport entre manipulateur et narrateur, entre manipulateur et sa posture, entre manipulateur, table et espace alentour, entre voix du manipulateur et objet, entre objet manipulé et son existence dans la fiction variaient.